Rebondir, évacuer la frustration et la déception pour avancer, corriger le tir sans tout changer: le staff du XV de France, éliminé dimanche en quarts de finale de sa Coupe du monde, a du pain sur la planche.

. Comment rebondir?

Larmes, regards vides, silence… Dimanche soir, dans les entrailles du Stade de France, quelques minutes après la défaite face à l’Afrique du Sud (29-28), c’était clairement la soupe à la grimace dans le camp des Bleus.

« Certains vont avoir besoin de tout de suite réagir et de se remettre dans une dynamique, avec d’autres objectifs; d’autres vont avoir besoin d’un certain temps », explique Denis Troch, ancien entraîneur adjoint du PSG devenu préparateur mental, dans un entretien à l’AFP.

Mais ça ne sera pas aisé. « J’ai eu ‘la chance’ de connaître ce genre de déconvenue. C’est une énorme déception. On est des compétiteurs: on ne se remet jamais de ce genre de trucs », prévient d’emblée l’ancien ouvreur international Franck Mesnel, également finaliste de l’édition 1987 et troisième huit ans plus tard. « Il faut arrêter d’imaginer que tout ça va se calmer (…) Je cherche à me dire que je vais oublier ce quart de finale perdu contre l’Angleterre (19-10 lors du Mondial-1991, NDLR), à Paris, ça restera un cauchemar personnel ».

. Comment reconstruire?

Frustrante, cette défaite face aux Springboks (29-28) va laisser des traces. « Ca peut être aussi ce qui t’aide à te reconstruire, à te projeter, à imaginer un Grand Chelem dans quelques mois », assure l’ancien ouvreur des Bleus Franck Mesnel à l’AFP.

« Il faut continuer sur cette lancée », abonde l’ancien deuxième ligne de légende Fabien Pelous (118 sélections entre 1995 et 2007). « Sur les quatre prochaines années, il va s’en passer des choses: des joueurs vont éclore, d’autres vont avoir des méformes… C’est la vie d’un groupe mais, sur le niveau de nos joueurs, on ne doit pas être inquiets », ajoute-t-il pour l’AFP.

D’ici à la Coupe du monde 2027, les cadres ne devraient en effet pas trop changer: en Australie, le capitaine Antoine Dupont aura alors 30 ans, comme le troisième ligne Grégory Alldritt. L’arrière et buteur Thomas Ramos aura, lui, 32 ans, tandis que le centre Gaël Fickou en aura 33. Derrière, pousse déjà la génération des champions du monde U20, à l’image de Posolo Tuilagui (Perpignan), Baptiste Jauneau (Clermont) ou Marko Gazzotti (UBB).

. Quelles sont les pistes de progrès?

Le sélectionneur Fabien Galthié est encore sous contrat jusqu’en 2028. Avec lui, hormis les départs de Karim Ghezal (touche), Laurent Labit (attaque) et Thibault Giroud (performance), qui seront remplacés respectivement par Laurent Sempéré (Stade français) et Patrick Arlettaz (Perpignan) ainsi que par la promotion de Nicolas Jeanjean, le staff devrait rester inchangé.

Ils auront donc vécu l’échec de l’intérieur et savent ce qu’il faut corriger. A commencer par le manque cruel de réalisme, qui a fait défaut aux Bleus, incapables d’être aussi pragmatiques que leurs adversaires sud-africains.

Egalement à travailler « une conquête défaillante, et notamment la mêlée qui a souffert en deuxième période; une défense qui prend quatre essais, ce qui est inquiétant à ce niveau-là; et puis la non capacité à marquer pendant les dix minutes de supériorité numérique » après le carton jaune d’Eben Etzebeth (40e), explique encore l’ancien sélectionneur Pierre Berbizier à l’AFP.

Au delà des difficultés sur les ballons hauts sud-africains, le banc français a moins apporté que d’habitude dans une fin de match fébrile et nerveuse. Le Tournoi des six nations 2024 débute dans trois mois.

© 2023 AFP

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