L’Irlande a fait de l’échec en Coupe du monde une « étape » vers de nouveaux sommets, une stratégie de la continuité payante au Tournoi des six nations, où elle s’est appuyée sur les mêmes idées et les mêmes joueurs, ou presque.
Le XV du Trèfle a soigné son spleen sur les vertes pelouses du Tournoi en poursuivant sa moisson de victoires à une exception et à un drop près, à Twickenham contre l’Angleterre (23-22) durant l’avant-dernière journée.
La défense de son titre a débuté par un carton historique 38-17 à Marseille contre un XV de France encore sonné par l’élimination en quart de finale du Mondial 2023, à domicile, et comme démuni par l’absence d’Antoine Dupont.
L’Irlande a aussi été fauchée en quarts, terminus brutal après dix-sept victoires consécutives. Et comme les Bleus, elle a perdu gros avec la retraite de son demi d’ouverture emblématique, Johnny Sexton, en plus des nombreuses blessures l’ayant touchée (Kilcoyne, O’Brien, Hansen, etc.).
Mais pour le reste, Andy Farrell a fait comme si de rien était: aucun novice convoqué, tous les « anciens » disponibles rappelés.
« Ces expériences, tout ce que nous avons fait de bien l’année dernière, tout cela n’a pas disparu, loin de là », a résumé le troisième ligne Peter O’Mahony, désigné capitaine à la suite de Sexton.
Confier cet honneur au flanker du Munster, un bagarreur de 34 ans avec plus de 100 sélections au compteur, incarne à la perfection le credo d’Andy Farrell: « continuer à grandir », sans faire « table rase du passé ».
– Responsabilité collective –
Le sélectionneur mise sur une transition en douceur, persuadé que l’expérience diffusée au sein d’un groupe reste le ciment des victoires.
« Je pense que nous avons beaucoup travaillé avec Johnny (Sexton) au cours des quatre dernières années pour que tout le monde autour de lui prenne ses responsabilités », a-t-il par exemple affirmé.
Lui ne s’est pas engagé dans une regénération des effectifs, contrairement à ce qu’a pu faire le pays de Galles avec son nouveau capitaine Dafydd Jenkins, 21 ans, en vue du Mondial suivant.
« Pas pour moi », a répondu le patron anglais de l’Irlande. « Je n’achète pas cette histoire de cycle de quatre ans autour des Coupes du monde », a-t-il affirmé avant le début du Tournoi.
A 34 ans, O’Mahony ne sera peut-être pas du prochain voyage en Australie, en 2027. Mais cela ne trouble guère Farrell, adepte d’une stratégie à court terme.
Le sélectionneur a les idées claires et cela s’est vu dans ses compositions d’équipe puisque, dès le premier match en France, il avait trouvé son XV type de titulaires.
Il a aussi choisi d’avoir une discussion « ouverte et honnête » avec ses joueurs pour crever l’abcès du Mondial manqué. « Faire face aux problèmes, c’est la seule façon d’avancer », avait-il expliqué avant le Tournoi.
Le débrief était sûrement nécessaire pour évacuer un traumatisme résiduel, mais pas question de vivre dans le passé, non plus.
« La gueule de bois, c’est pour le lendemain », a lancé Farrell. « Ca fait trois mois maintenant. On a évidemment beaucoup appris de cette défaite contre les All Blacks, mais ce n’est pas une gueule de bois. C’est juste une étape dans notre progression collective ».
La nouvelle coupe, soulevée samedi à Dublin à la veille de la Saint-Patrick, sera elle appréciée à sa juste valeur.
© 2024 AFP
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