Jalibert
Jalibert

Opposés pour la première fois samedi à l’occasion du quart de finale de Champions Cup entre Bordeaux-Bègles et les Harlequins, les ouvreurs Matthieu Jalibert et Marcus Smith partagent le goût du risque et des fulgurances, ce qui les rend atypiques et donc critiquables.

Nés à trois mois d’écart il y a 25 ans, comptant presque autant de sélections internationales, l’un avec les Bleus (33), l’autre avec le XV de la Rose (32), Jalibert et Smith sont quasiment des jumeaux du jeu, capables de traverser le terrain et faire lever les foules, mais qui dénotent aussi dans la confrérie des numéros 10.

« Ils se ressemblent dans leur capacité à casser des lignes, à être créatifs, dangereux, avec une qualité de vitesse qui leur permet de gagner des duels », pose Vincent Etcheto, ex-demi d’ouverture en charge des arrières de Montpellier.

« Comme ils ne se cachent pas et qu’ils ont un jeu spectaculaire qui se voit, ils ne sont pas neutres et comme tous les gens qui ne sont pas neutres, ils s’exposent encore plus aux critiques », estime le technicien héraultais, qui reconnaît que, « des fois, ils n’en font un peu qu’à leur tête ».

– Jalibert « plus mature » –

« En voulant à chaque fois jouer les duels, garder le ballon jusqu’au dernier moment pour voir s’il n’y a pas une petite brèche, on oublie parfois le bon temps de passe et les surnombres », détaille Etcheto. « Ça ne me gêne pas s’ils sont décisifs. Par contre, quand ils se trompent, ce sont les premiers à prendre la foudre ».

Autre oeil averti, l’ancien ouvreur international Christophe Lamaison apporte une nuance: « Smith est un Jalibert d’il y a deux ans. Le Jalibert d’aujourd’hui a évolué, il est plus mature, plus réfléchi, plus au service du collectif, comme on le voit au travers de l’équipe de France. Ce n’est pas le cas de Smith, qui a un côté individualiste, arrogant parfois, qui ne rentre pas dans le registre des Anglais ».

« Dans un match de rugby, il y a des temps faibles et des temps forts et c’est au numéro 10 de les gérer », rappelle le finaliste de la Coupe du monde 1999. « Autant Jalibert sait bien le faire maintenant, autant je ne suis pas certain que Smith ait la maturité suffisante ».

– Smith et « les petits cochons » –

« En équipe d’Angleterre, George Ford joue plus souvent que Smith car s’il a beaucoup moins de qualités d’élimination en un contre un, il a la confiance de son sélectionneur au niveau de la gestion et la stratégie », confirme Etcheto.

« Mais vu l’âge de Ford (31 ans) et les dernières performances de Smith, si ce dernier ne se fait pas dévorer par les petits cochons, il risque d’être très vite l’ouvreur numéro un de l’Angleterre », ajoute-t-il.

Qu’attendre donc du duel de samedi entre Jalibert, de retour de blessure, et Smith, brillant en huitième de finale contre Glasgow (28-24) avec un essai inscrit et deux passes décisives, au pied puis à la main?

« L’équipe qui dominera permettra à son numéro 10 de se mettre plus en évidence », répond Etcheto.

« Tout dépendra de ce qui se passe autour d’eux. Sont-ils capables de fédérer? », soulève Lamaison. « Matthieu, avec la ligne de trois-quarts de l’UBB, qui est celle de l’équipe de France, est comme un poisson dans l’eau. Il y a de la qualité, de la confiance, une espèce d’ambiance de jeu entre tous. Ils sont capables de se trouver les yeux fermés. C’est un peu le summum ».

© 2024 AFP

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