Des progrès indéniables, mais un « manque de maîtrise » rédhibitoire: le XV de France féminin, battu samedi à Bordeaux pour la treizième fois d’affilée par les Anglaises (42-21) en Tournoi des six nations, a encore du travail à accomplir à dix-huit mois du Mondial-2025.
Devant une affluence record, au stade Chaban-Delmas de Bordeaux, pour un match de rugby féminin en France (28.023 spectateurs), les coéquipières de Manae Feleu ont passé la deuxième période en infériorité numérique, après le carton rouge adressé à Assia Khalfaoui (43e).
Mais là n’est pas l’unique raison de la défaite, déjà bien consommée à la mi-temps (35-14).
Maladresses, fautes de main (24!), des occasions gâchées, un essai refusé par la vidéo… Les Françaises, qui ont concédé douze pénalités, ont péché par trop de fébrilité et par manque de lucidité.
Pour la troisième ligne Romane Ménager, encore une fois à la hauteur, « on a parfois envie de trop jouer, ça a été un peu notre défaut dans le Tournoi et ça s’est transcrit aujourd’hui ».
« Le haut niveau exige beaucoup de maîtrise et on en a clairement manqué aujourd’hui », a abondé le cosélectionneur des Bleues David Ortiz en conférence de presse. « Mais c’est réglable assez facilement. »
– « Détails impardonnables » –
Plus sévère, la centre Gabrielle Vernier, qui a marqué le premier essai français (17e), a qualifié ces détails d’ »impardonnables à ce niveau: on s’est +foutu+ notre match en l’air toutes seules, je pense qu’on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes sur le score ».
« On compte parmi les meilleures nations au monde et on n’arrive pas à conclure alors que dans ce groupe, il y a des individualités énormes », a-t-elle lâché, quelque peu amère.
Plus cliniques en effet, les Anglaises n’ont elles jamais laissé passer une occasion de marquer quand elles se sont trouvées dans le camp français.
« Elles nous punissent, nous fracassent dès qu’on fait une petite erreur et nous, on a du mal à le faire », a reconnu de son côté la demie de mêlée Pauline Bourdon Sansus, intenable samedi. « Et je pense que c’est ce qu’il manque encore actuellement entre elles et nous ».
On a pourtant vu de belles choses côté tricolore, avec du jeu, des trois-quarts qui tentent et osent, des avants ayant retrouvé leurs automatismes en touche.
« On sera à fond pour la Coupe du monde, on l’a toutes dans un coin de la tête et ce soir, on a aussi démontré de quoi on était capables quand on avait le ballon », a souligné Vernier.
– « Unité du collectif » –
Pour l’autre cosélectionneur des Bleues Gaëlle Mignot, « l’équipe a progressé, c’est indéniable, on ne va pas juger ce Tournoi sur ce match. L’aventure prend de plus en plus forme, on a de la chance d’avoir des joueuses résilientes ».
Mais samedi à Chaban-Delmas, il en fallait plus pour battre les Anglaises, qui ont frappé un grand coup à dix-huit mois de « leur » Mondial en 2025.
Les « Red Roses » ont construit leur victoire dans la première période en marquant cinq essais. Les Françaises n’ont jamais réussi à recoller au score, d’autant qu’au retour des vestiaires, l’exclusion d’Assia Khalfaoui, pourtant irréprochable jusque-là dans son engagement, mais qui avait déjà écopé d’un carton jaune le week-end dernier au pays de Galles, a rendu l’exploit impossible.
Les Françaises ont pourtant continué à y croire, à jouer vite, campant dans le camp adverse, enfonçant et pilonnant les lignes anglaises, jusqu’à offrir un doublé à Marine Ménager (69e).
« On était toutes déterminées pour soulever le trophée, on s’est resserrées et c’est cette envie qu’on a depuis le début du Tournoi. C’est l’unité du collectif qui fait notre force, même à 14 », a souligné pour sa part la troisième ligne Charlotte Escudero, pour qui les Bleues n’ont « pas démérité ».
© 2024 AFP
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