Ronan O’Gara : Le manager qui transfigure La Rochelle et défie le Leinster

Ronan O'Gara

La Rochelle, 18 mai 2023 (AFP) – Légende vivante du Munster, rival de toujours du Leinster qu’il va de nouveau croiser samedi, le manager de La Rochelle Ronan O’Gara a le don de transfigurer ses hommes quand l’épilogue de la Champions Cup, sa compétition préférée, pointe le bout de son nez. 

Qu’on aime ou pas le personnage, ses méthodes ou son tempérament, l’Irlandais ne peut laisser indifférent. Ses états de service d’ouvreur en club (2 Coupes d’Europe, 3 Ligues celtes) ou en sélection (128 capes, 1 Grand Chelem en 2009) parlaient pour lui. Ceux qu’il est en train d’écrire comme manager forcent le respect. 

Par facilité, il aurait pu signer à Limerick qui lui tendait les bras lorsqu’il a remisé les crampons en 2013, voire à la tête du XV du Trèfle. O’Gara a préféré l’exil et la France pour fourbir ses armes, apprendre, transmettre et gagner. 

« C’est un coach exigeant, un vrai compétiteur et c’est contagieux », prévient Donnacha Ryan, son compatriote et ancien coéquipier au Munster, aujourd’hui chargé des avants rochelais. « Il ne lâche jamais, c’est quelqu’un qui motive tellement, tout le monde a envie de le suivre ». 

Son expérience d’entraîneur a commencé à Paris, au Racing 92, où on lui confie le secteur de la défense: il devient champion de France en 2016 mais rate de peu le doublé européen (défaite en finale contre les Saracens). 

– « Tu l’entends gueuler, c’est marrant » –

Durant son bail parisien, « ROG » tombe sous le charme de l’ambiance rochelaise. « C’est la chose qui m’a le plus impressionné, rappelait-il récemment. Il pleuvait des cordes mais la ferveur de Deflandre m’a marqué. J’y ai retrouvé des valeurs similaires à celles du Munster. En rentrant chez moi, j’ai dit à ma femme +on doit aller à La Rochelle+ ». 

A écouter également sur notre application l’interview de Ronan O’Gara (La Rochelle) : »Je suis concentré sur mon équipe, sur notre chemin et ce que l’on va faire samedi »

Il attendra quatre ans, le temps de remporter deux nouveaux titres comme entraîneur des arrières des Crusaders (Super Rugby). Après deux ans de cohabitation à La Rochelle avec le manager en place Jono Gibbes, marquée la première année par le Covid, la seconde par deux finales perdues contre Toulouse, il obtient les pleins pouvoirs en 2021, sans changer son comportement parfois tempétueux. 

« Il est tout là-haut (en tribune sous le toit), mais tu l’entends gueuler, c’est marrant, souriait à l’époque l’ancien troisième ligne Kevin Gourdon. C’est un passionné (…), les passionnés s’expriment avec leurs émotions ». 

La commission de discipline l’a régulièrement dans le viseur. Cette saison, elle l’a suspendu d’abord six semaines, puis dix autres cet hiver quand le club tanguait (3 défaites à domicile). « A force, ça commence à faire un peu beaucoup, avait alors réagi le deuxième ligne Romain Sazy. Ça serait bien de nous rendre notre entraîneur ».

– Planificateur redoutable –

Protecteur, humain et franc, O’Gara « est un entraîneur différent, qui travaille le moindre détail qui compte, souligne le pilier droit Uini Atonio. Tout ce qu’on a fait depuis son arrivée, ça a payé ». 

Au-delà même des rêves les plus fous des Maritimes, au palmarès quasi-vierge (2 Coupes de la Ligue remportées en 2002 et 2003) avant cette transformation initiée par une demi-finale du Top 14 en 2017, et poursuivie par O’Gara.

« Son discours était très, très fort. Il a montré, statistiques à l’appui, que La Rochelle était meilleure que le Leinster et cela a changé quelque chose dans l’esprit des gars », résume le directeur général du club, Pierre Venayre. 

Après sa demi-finale perdue fin avril contre le Leinster (41-22), le manager de Toulouse Ugo Mola considérait que « le Leinster est une des meilleures, voire la meilleure équipe d’Europe. Le problème, c’est que sur leur route, ils vont rencontrer un Munsterman. Et l’an dernier, ça leur a coûté cher ».

Il y aura de la revanche dans l’air à Dublin mais O’Gara assure ne pas être « trop intéressé par l’adversaire », rappelant que la dernière défaite des siens en Champions Cup remonte à presque deux ans.

« Je le respecte mais je suis concentré par mon équipe, notre chemin. On me demande +comment arrêter le Leinster ?+. Je réponds +et nous, qui va nous arrêter?+ ».

© 2022 AFP

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