Bordeaux, 9 juin 2023 (AFP) – Le rouleau compresseur rochelais, inarrêtable quand ses cadres sont aux commandes, s’avance en grandissime favori de sa demi-finale samedi face à Bordeaux-Bègles, toujours en vie après son barrage victorieux à Lyon et avec quelques arguments à faire valoir.
. La fraîcheur
Trois semaines de coupure pour les héros de Dublin, dont une pour fêter leur deuxième étoile continentale dans une joie portuaire incomparable. Trois semaines sur le front pour les Girondins, la première pour se qualifier en barrage (victoire contre Pau 28-0), la deuxième pour tenter de le disputer à domicile (défaite à Toulon 35-19), la troisième pour aller l’emporter sur la fin à Lyon (32-25).
Les Unionistes, qui ont regardé de leur canapé la campagne européenne des Rochelais au début du printemps, ont puisé dans leur réserve physique et mentale ces derniers temps pour s’offrir une troisième demi-finale de rang. En route, ils ont certes perdu dimanche le 2e ligne sud-africain Jandre Marais (rupture des ligaments croisés d’un genou) mais pourront compter sur leurs deux hommes frais Matthieu Jalibert et Madosh Tambwe, le facteur X qui a renversé Lyon quasiment à lui tout seul.
« C’est bénéfique d’avoir coupé, mais c’est possible que les Rochelais mettront un peu de temps pour se remettre en route », estime le pilier gauche bordelais Jefferson Poirot.
. La dimension physique
C’est ce qui saute aux yeux et fait la force du groupe de Ronan O’Gara: son impact et ses gabarits. Demandez au Leinster ! Avec Uini Atonio, Will Skelton (145 kilos) et Joel Sclavi (135 kilos), il y a peu d’équivalent en Top 14 au niveau poids-puissance. Idem dans les phases de rucks avec des maîtres de l’exercice, Levani Botia et Jonathan Danty.
« Je pense qu’il est très difficile de nous arrêter », fait d’ailleurs remarquer leur manager Ronan O’Gara dernièrement.
L’UBB en avait fait les frais fin mars en sombrant au Matmut Atlantique (6-36), sans solution ni rébellion. Privée à l’époque de +Big+ Ben Tameifuna, le seul réellement capable de rivaliser dans ce domaine, elle avait souffert dans les collisions, le combat et la conquête.
Le pilier tongien, opéré fin mai de l’index droit, avait été annoncé absent plusieurs semaines -il a manqué les déplacements à Toulon et Lyon- mais, à la surprise générale, il a repris l’entraînement mardi avec un gros bandage. Sa présence samedi à Saint-Sébastien (Espagne) est loin d’être entérinée mais pourrait faire beaucoup de bien au moral girondin et à sa mêlée en difficulté à Lyon.
. Les résultats
Ce n’est un secret pour personne: La Rochelle a pris de l’avance sur son rival girondin. Au niveau des résultats dans les derniers derbys de l’Atlantique (6 victoires pour 1 défaite depuis l’arrêt dû au Covid-19), de sa présence plus régulière en phases finales de Top 14 comme de ses deux titres européens qui ont marqué les esprits.
Le dernier voyage des Bordelais à La Rochelle fin décembre avait pourtant tourné en leur faveur (12-8). En misant sur une grosse défense et la dépossession, loin de leur ADN, les coéquipiers de Maxime Lucu avaient fait déjouer un club à la caravelle en manque d’automatismes ce soir-là (Atonio, Skelton, Gregory Alldritt remplaçants, Antoine Hastoy et Danty en vacances) et s’étaient rassurés comptablement après le limogeage de son manager Christophe Urios.
« En demi-finale, c’est la forme du jour, du moment qui fait la différence, affirme Lucu. Et il y aura beaucoup plus de pression sur les Rochelais qui sont favoris ». Une statistique confortera le demi de mêlée bordelais: les équipes classées 6e à l’issue de la saison régulière et victorieuses de leur barrage à l’extérieur se sont qualifiées 3 fois sur 4 pour la finale.