L’Ecosse, « petit pays » à la grande culture rugby, repère et attire de nombreux joueurs nés à l’étranger pour alimenter son XV du chardon, adversaire des Bleus samedi, une diversité qui rend « fiers » les heureux élus comme Ben White, Anglais évoluant en France.
Le demi de mêlée du RC Toulon, natif de Stoke-en-Trent (nord de l’Angleterre), fait partie des douze joueurs sur vingt-trois nés hors d’Ecosse retenus pour la réception du XV de France à Edimbourg, samedi (15h15) pour la 2e journée du Tournoi des six nations.
Au coup d’envoi, il côtoiera son compatriote Kyle Rowe, les Australiens Jack Depsey et Sione Tuipulotu, les Sud-Africains Duhan van der Merwe, Kyle Steyn et Pierre Schoeman. Sur le banc prendront place des joueurs venus d’Angleterre (Millar-Mills, Skinner), Australie (Hepburn), Canada (Ashman), Irlande (Healy) et même de France avec Cameron Redpath, né à Narbonne où son père Bryan (60 sélections avec l’Ecosse) a brièvement joué en 1999-2000.
A l’inverse de l’Angleterre, qui rend inéligibles les joueurs en exil, l’Ecosse a ouvert en grand les portes de sa sélection aux talents de l’étranger ayant une ascendance écossaise, comme Ben White avec son grand-père Jim, ou aux joueurs sous contrat longue durée avec un club du pays.
– Programme spécial –
C’est le cas de l’ailier d’Edimbourg, van der Merwe. Né à George, à mi-chemin entre Le Cape et Port Elizabeth, il a été vice-champion du monde junior en 2014 avec l’Afrique du sud, avant d’enfiler le maillot au chardon en 2020 pour ne plus le quitter (34 titularisations en 35 sélections, pour 23 essais marqués).
Autres exemples, Schoeman a joué pour les Sprinbocks en U20, comme Ben Healy avec l’Irlande, et Dempsey a disputé la Coupe du monde 2019 avec les Wallabies.
Dans les années 1990 et 2000, la sélection s’est renforcée avec de nombreux « Kilted Kiwis », des Néo-Zélandais venus chercher au nord du Royaume-Uni une expérience internationale à laquelle ils ne pouvaient prétendre au pays des All Blacks.
Plus récemment, la Scottish Rugby Union (SRU) a mis en place un programme « Exiles », ensuite rebaptisé « Scottish Qualified », pour détecter, attirer et accompagner les joueurs étrangers ayant une ascendance écossaise.
Avec la « taille modeste de notre base de joueurs », estimée à 36.000 licenciés en 2019 (femmes et hommes confondus), l’Ecosse aura « toujours besoin d’étoffer (son) groupe de haut niveau », avait notamment argumenté le patron de la SRU, Mark Dodson.
« J’ai suivi ce programme chez les moins de 15 ans et les moins de 16 ans. J’avais l’habitude d’aller à Sheffield pour le faire avec un entraîneur là-bas », raconte Ben White à l’AFP. Jouer pour l’Ecosse, « j’ai donc toujours su que c’était une opportunité pour moi ».
– Alchimie « extraordinaire » –
Et le melting pot fonctionne à plein, à en croire le Toulonnais. « Peu importe si vous êtes Sud-Africain ou que vos grand-parents sont Ecossais ou quoi que ce soit, cela n’a pas d’importance », chacun apporte sa « propre idée », sa « propre personnalité », et « tout le monde adhère à la culture telle qu’elle est ».
« C’est quelque chose d’extraordinaire pour moi de voir cela, de ressentir cette énergie et ça donne encore plus envie de jouer les uns pour les autres. Je suis incroyablement fier de jouer pour l’Ecosse », dit-il.
Même pour les natifs d’Ecosse, explique-t-il, la tentation de l’exil peut se faire pressante.
« Après avoir joué en Top 14 depuis quelques mois, j’ai réalisé à quel point la France est grande. Lorsque votre match le plus proche est à quatre heures en car, vous réalisez à quel point ce pays est grand et combien de personnes y vivent. Alors qu’en Ecosse, c’est un petit pays, nous n’avons que deux équipes, Edimbourg et Glasgow ».
Cela signifie qu’en club, « il n’y a par exemple que deux demis de mêlée titulaires chaque semaine », illustre-t-il.
Samedi, White formera la charnière avec l’ouvreur Finn Russell, Ecossais lancé par les Glasgow Warriors, passé par le Racing 92 (2018-2023) et désormais à Bath, en Angleterre.
© 2024 AFP
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