L’immense espoir envolé du XV de France

Le XV de France, battu dès les quarts de finale du Mondial par l’Afrique du Sud, a subi dimanche soir une désillusion à la mesure de son immense ambition: soulever pour la première fois le trophée, devant son public, le 28 octobre.

Cette défaite 29-28 face aux champions du monde en titre n’est certes ni déshonorante ni vraiment surprenante compte tenu du niveau de l’adversaire, mais elle anéantit d’un seul coup un espoir que le beau succès face aux All Blacks dans le match d’ouverture avait encore avivé, dans la ferveur populaire.

Fabien Galthié, qui avait pris les rênes d’une équipe en plein marasme après la Coupe du monde 2019 et semblait capable de lui offrir son premier titre après trois finales perdues (1987, 1999, 2011), n’a finalement pas pu la conduire plus loin qu’il y a quatre ans au Japon. 

Pourtant sous sa direction, la France enchaînait les victoires ces dernières saisons (14 consécutives entre novembre 2021 et février 2023, un record) contre les plus grandes nations du rugby (notamment contre l’Afrique du Sud 30-26 en novembre dernier). Elle avait glané au passage un Grand Chelem dans le Tournoi des six nations en 2022, son premier depuis douze ans. 

Avec des joueurs de grande classe, Antoine Dupont, nommé meilleur joueur du monde en 2021, Grégory Alldritt, double vainqueur de la Champions Cup avec La Rochelle, Damian Penaud, deuxième meilleur marqueur d’essais de l’histoire du rugby français – derrière la légende Serge Blanco -, ou encore Thomas Ramos, Cyril Baille et Anthony Jelonch, cette dixième édition devait être la bonne.

Même l’annonce, mi-août, du forfait pour toute la compétition de leur ouvreur star Romain Ntamack à cause d’une rupture du ligament croisé du genou, ne semblait pas avoir ébranlé la conviction des Bleus. 

La fracture à la pommette de leur maître à jouer Antoine Dupont, touché dans un choc de tête lors du match contre la Namibie le 21 septembre, avait d’abord provoqué la consternation mais son rétablissement éclair et sa titularisation face aux Boks avait donné un coup de fouet à l’équipe à quelques jours du match crucial.

– Bilan à venir –

La compétition, pour la première fois organisée en intégralité sur le sol français, avait bien débuté. Le 8 septembre au Stade de France, les Bleus avaient convaincu la planète ovale dans un match maîtrisé face aux All Blacks, triple champions du monde. Grâce à une discipline de fer (quatre pénalités concédées seulement) et à un admirable sang-froid, ils avaient surmonté un début difficile (9-8 pour les Blacks à la pause) pour enlever un succès plein de promesses (27-13). 

Le XV français, largement remanié, avait ensuite enchaîné par un match moyen face à la modeste équipe d’Uruguay (27-13) à Lille puis, avec le retour des joueurs cadres, par une démonstration au détriment des très faibles Namibiens (96-0) à Marseille, la plus large victoire de l’histoire des Bleus.

Dans le dernier match de poule, avec Maxime Lucu à la mêlée, les Bleus avaient plus que rempli leur contrat en obtenant leur billet pour les quarts contre des Italiens complètement débordés (60-7).

La course contre la montre gagnée par Dupont, autre victoire de première importance, n’a pas empêché le XV de France de retomber dans ses tourments d’autrefois: fautes de main, retards dans les libérations et infériorité dans les mêlées fermées les ont empêchés d’aller jusqu’au bout, retrouvant l’étiquette de perdant magnifique. 

Une fois cette élimination digérée, il s’agira de procéder à un bilan avec le sélectionneur, dont l’objectif affiché était la victoire finale. 

Galthié l’effectuera avec l’avantage d’avoir déjà prolongé son contrat, jusqu’à la Coupe du monde 2027 en Australie, avec un staff remanié. Patrick Arlettaz remplace Laurent Labit, Laurent Sempéré remplace Karim Ghezal et Thibauld Giroud, responsable de la préparation physique, s’en va, laissant sa charge à Nicolas Jeanjean.