Le rebond attendra: le XV de France, corrigé par l’Irlande (38-17) vendredi à Marseille après un carton rouge pour Paul Willemse à la 32e minute, a compromis d’entrée ses chances dans le Tournoi des six nations et laisse le doute s’installer après l’échec du Mondial.
Le maudit quart de finale abandonné d’un rien l’automne dernier aux futurs champions du monde sud-africains (29-28) n’a visiblement pas fini de hanter les esprits français.
En concédant à domicile contre le XV du Trèfle, autre grand déçu de la Coupe du monde, leur plus lourde défaite sous Fabien Galthié, les Bleus ont manqué l’occasion de refermer la cicatrice, toujours béante.
Ils n’avaient plus subi deux défaites consécutives depuis 2021, entre le dernier match du Tournoi contre l’Ecosse (27-23) et le premier test de la tournée estivale en Australie (23-21).
« Ce n’est pas le visage qu’on souhaite montrer. On s’était pourtant promis de faire un gros match, de mettre du caractère, de l’intensité », a réagi à chaud le nouveau capitaine Grégory Alldritt. « On va assumer, on va garder la tête haute et on va tout faire pour qu’il y ait une révolte dès la semaine prochaine (en Ecosse) ».
Il reste encore quatre journées à disputer, mais le gain du Tournoi s’éloigne déjà sérieusement tant les Irlandais, vainqueurs avec bonus offensif (cinq essais), ne semblent pas avoir à ce niveau-là d’autres adversaires à leur hauteur dans l’hémisphère Nord.
Même s’il n’a été que timidement remis en cause après la désillusion du Mondial-2023 à la maison, Galthié était dans l’obligation de vite remettre son équipe sur les rails du succès pour préparer l’avenir avec davantage de sérénité.
Il a d’ailleurs convaincu le pilier droit Uini Atonio et le deuxième ligne Romain Taofifenua de rempiler alors qu’ils n’iront sûrement pas jusqu’à la prochaine Coupe du monde, en 2027 en Australie.
La grande majorité de leurs coéquipiers – 80 à 90%, estime le sélectionneur – peuvent en revanche nourrir cette ambition, mais le nouveau cycle n’a pas commencé de la meilleure des manières vendredi.
– Willemse, retour raté –
Dans le décor inhabituel pour le Tournoi du Vélodrome de Marseille, le Stade de France se refaisant une beauté pour les Jeux olympiques cet été, les Français n’ont quasiment pas existé en première mi-temps.
Sans imagination, condamnés à défendre et pas toujours très bien, ils ont concédé deux essais, par Jamison Gibson-Park (16e) et Tadhg Beirne (30e).
Un moindre mal tant l’Irlande, même sans son métronome Johnny Sexton, parti à la retraite, a dominé tous les secteurs de jeu ou presque.
Elle n’avait pas besoin en plus de se retrouver en supériorité numérique dès la demi-heure de jeu. Privé de Coupe du monde par une blessure à une cuisse, Willemse a raté son retour.
Déjà passé tout près d’un rouge direct pour un déblayage illicite dans la tête du pilier adverse Andrew Porter (9e), il ne s’est encore pas suffisamment baissé au plaquage sur Caelan Doris.
Son exclusion, logique, a au moins eu le mérite de réveiller la France et le public du Vélodrome. L’inévitable Damian Penaud a inscrit son 36e essai en sélection, à deux unités du record de Serge Blanco, et entretenu un semblant d’espoir à la pause (10-17).
Le deuxième ligne Paul Gabrillagues a ponctué son retour en bleu, plus de quatre ans après sa dernière sélection, d’un essai sur ballon porté (53e) avant de céder sa place au phénomène physique Posolo Tuilagi, capé pour la première fois à seulement 19 ans.
Mais les Verts étaient clairement les plus forts et l’ailier Calvin Nash (46e) et les talonneurs Dan Sheehan (62e) et Ronan Kelleher (78e) ont donné de l’ampleur à leur premier succès en France dans le Tournoi depuis 2018.
« Jouer à 14 nous a amenés dans le dur très vite », a regretté Galthié. « Il y a trop de déception pour être lucide dans l’analyse (…) C’est un moment à vivre collectivement. Dur. Mais le Tournoi continue. On va se préparer pour la suite ».
Privés de leur tête de gondole Antoine Dupont, focalisé sur le rugby à VII et les JO, les Bleus ont désormais quatre matches pour redresser la barre et chasser pour de bon les démons du Mondial.
© 2024 AFP
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