Le Portugal, qualifié in extremis pour le deuxième Mondial de son histoire, n’est pas là « que pour chanter l’hymne », affirme dans un entretien à l’AFP l’un de ses cadres, le talonneur Mike Tadjer, 34 ans, avant d’entamer la compétition contre le pays de Galles samedi.
QUESTION: Le Portugal a arraché sa qualification pour la Coupe du monde en novembre grâce à un match nul contre les Etats-Unis (16-16). Qu’avez-vous ressenti lorsque le buteur, Samuel Marques, a réussi la pénalité décisive à la dernière minute?
REPONSE: « J’en ai encore des frissons. J’en avais les larmes aux yeux, ça a été quelque chose d’exceptionnel. J’ai joué à Brive avec Sam (saison 2017-2018, NDLR), je savais qu’il allait la passer. C’était le rêve de ma vie qui venait de se réaliser: jouer une Coupe du monde. Jouer la Coupe du monde sur ma terre natale, avec mon pays d’origine, c’est juste incroyable! »
Q: Comment cette qualification a-t-elle été ressentie au Portugal?
R: « Le rugby n’est pas trop connu ni trop suivi là-bas. C’est surtout le football. Mais on a eu un message de félicitations de Cristiano Ronaldo, ça fait plaisir. Au retour à Lisbonne, il y avait quelques centaines de supporters pour nous accueillir, il y avait des médias… On a pris un beau coup de projecteur! »
Q: Vous évoluerez dans la poule C avec, outre Galles, l’Australie, les Fidji et la Géorgie. Quel est l’objectif?
R: « On sait qu’on ne gagnera pas la Coupe du monde (rires). Mais on ne vient pas non plus pour prendre 60 points à tous les matches, ni que pour chanter l’hymne. Sur un groupe de trente-cinq joueurs, on a une quinzaine de pros qui évoluent en France. On a aussi des gars qui jouent au Portugal, dans un championnat amateur, comme notre capitaine Tomas Appleton, qui est chirurgien dentiste. »
Q: Qu’apporte votre sélectionneur Patrice Lagisquet, ancien entraîneur du Biarritz olympique?
R: « Ca fait 4 ans et demi qu’il est là, qu’il mène ce projet qui lui tient à coeur. On n’était rien, on jouait dans le groupe C (troisième échelon européen, NDLR) contre la Moldavie avant qu’il n’arrive… Lagisquet a amené du professionnalisme, mis un cadre qu’il faut respecter et imposé beaucoup d’intensité et de rigueur. »
Q: Qui voyez-vous remporter le tournoi?
R: « Le match d’ouverture (remporté par la France 27-13, le 8 septembre) risque aussi d’être celui de la clôture. Je vois France-Nouvelle-Zélande en finale, avec une victoire française. »
Q: Sur un plan personnel, est-ce un aboutissement de finir sa carrière par une Coupe du monde?
R: « Je n’avais pas prévu d’arrêter ma carrière cette année. Je m’étais donné les moyens de refaire une saison en Top 14 mais l’Usap et Franck (Azéma, le nouveau manager, NDLR) ne m’ont pas fait de propositions. Je risque de raccrocher les crampons après le Mondial, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. Je ne ferme pas la porte et si un club a besoin d’un talonneur comme joker médical, ça se réfléchit. J’ai beaucoup d’amertume par rapport au fait que ce ne soit pas moi qui ai pris la décision d’arrêter. »
Propos recueillis par Eric DUBUIS
© 2023 AFP
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