Le rêve brisé de la génération dorée irlandaise

Portée aux nues et impressionnante en début de compétition, l’équipe d’Irlande d’Andy Farrell, la plus belle peut-être jamais assemblée, a encore échoué en quart de finale du Mondial-2023. Et elle peut le regretter.

Le XV du Trèfle, N.1 au classement mondial de World Rugby, semblait en effet imbattable: 17 victoires consécutives, un Grand Chelem dans le Tournoi des six nations 2023 et un jeu à faire pâlir d’envie quelques-uns de ses concurrents. Jusqu’à tomber sur la Nouvelle-Zélande samedi au Stade de France.

Les All Blacks, pourtant humiliés à deux reprises à Wellington et Dunedin à l’été 2022 par les Irlandais, ont privé leurs adversaires d’un dernier carré qui leur échappe depuis la création de la compétition en 1987.

Au pire moment, la maîtrise affichée dans ce Mondial a tourné le dos aux hommes en vert.

Il y a eu ces quelques fautes de mains, ces pénalités concédées en début de match, ces choix parfois contestables d’aller chercher la pénaltouche alors que la botte de Johnny Sexton aurait pu permettre de recoller au score…

Et puis il y a cette question lancinante qui agite les médias irlandais? Le groupe n’était-il déjà pas trop fatigué pour affronter les All Blacks?

Du « Big Four » de cette Coupe du monde (Afrique du Sud, France, Nouvelle-Zélande et Irlande), les titulaires irlandais étaient les joueurs qui avaient le plus de minutes dans les jambes de la phase de poules.

Ainsi, avant d’aborder le quart de finale, 13 des 15 titulaires verts samedi soir avaient déjà joué plus de 200 minutes lors du Mondial.

Chez les All Blacks, seulement huit joueurs avaient atteint ce seuil. Cinq foulaient la pelouse au coup d’envoi (Savea, Mo’unga, Jordan, ainsi que Scott et Beau Barrett), les trois autres étaient assis sur le banc (Papali’i, Lienert-Brown et Whitelock).

« Nous étions trop fatigués pour exploiter » les espaces laissés en seconde période par les All Blacks, a estimé l’ancien ailier Rob Kearney sur la chaîne Virgin Media Sport, résumant un avis partagé par de nombreux observateurs. « Beaucoup de joueurs étaient cuits après 55-60 minutes. »

La performance de leur maître à jouer Johnny Sexton s’en est ressentie. Si le poids des années n’avait jusque-là pas pesé sur l’ouvreur irlandais, la dernière performance du joueur âgé de 38 ans a laissé perplexe. Sans grande inspiration, sans accélération, sans vitesse, le chef d’orchestre a récité une partition terne, pas à la hauteur de l’évènement, pour le dernier match de sa brillante carrière.

– « Réussir de grandes choses » –

Reste que contrairement au pays de Galles, à l’Ecosse ou à l’Australie, toutes aussi éliminées prématurément, le rugby irlandais peut rêver à un avenir radieux.

Déjà, Andy Farrell a bien l’intention de rester encore un peu. L’entraîneur anglais âgé de 48 ans a créé une ambiance de travail joyeuse, capable d’intégrer toutes les personnalités, de laisser les joueurs s’exprimer et prendre des décisions. A revers de son prédécesseur Joe Schmidt.

« Avec la façon dont +Faz+ nous dirige, personne ne veut partir. C’est le meilleur groupe dont j’ai fait partie. Sans exception. Ces gars vont réussir de grandes choses », a d’ailleurs salué Sexton après la défaite samedi soir.

Farrell est sous contrat jusqu’au Tournoi 2025. Prendra-t-il ensuite la direction des Lions britanniques et irlandais? Rien n’est joué et tout pourrait dépendre du successeur de David Nucifora, le directeur de la performance de la Fédération irlandaise, qui doit quitter son poste en 2024.

– Crowley, successeur de Sexton –

Côté joueurs, il faudra remplacer les désormais retraités Sexton, Keith Earls et peut-être Peter O’Mahony, dans un effectif qui compte beaucoup d’éléments expérimentés qui n’iront peut-être pas jusqu’à la prochaine Coupe du monde en 2027 en Australie (Aki, Murray, Beirne, Henderson, Conan, Lowe, notamment).

Mais Jack Crowley, le successeur de Sexton, s’apprête à prendre la relève à l’ouverture. Créatif, bon gestionnaire, le Munsterman a déjà montré de très belles choses à 23 ans.

Le surpuissant deuxième ligne Joe McCarthy (22 ans) est prêt à se faire sa place. Et les cadres Dan Sheehan et Caelan Doris sont à 25 ans ce qui se fait de mieux ou presque aux postes de talonneur et N.8.

Malgré l’immense déception, l’Irlande peut encore s’autoriser à rêver.

© 2023 AFP

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