Mal aimé partout, mais adoré en Irlande: le troisième ligne irlandais Peter O’Mahony, véritable incarnation du « fighting spirit » du XV du Trèfle, va célébrer contre l’Ecosse sa centième sélection, samedi lors de la dernière journée de la phase de poule du Mondial-2023.

Dans son autobiographie publiée en 2020, le talonneur de l’Ulster et capitaine de l’Irlande Rory Best résume le personnage en une seule phrase: « Il ne faut pas le mettre en colère. En tant qu’adversaire, c’était un cauchemar. Comme coéquipier, c’est le meilleur. »

Toujours dans le combat, souvent à la limite, un peu bagarreur aussi, le flanker du Munster divise la planète rugby.

En 2021, le site britannique Ruck a fait voter les internautes. Il en ressort que le natif de Cork se classe quatrième joueur le plus détesté au monde, derrière le Sud-Africain Eben Etzebeth et les Anglais Mike Brown et Owen Farrell.

Ses entraîneurs et ses coéquipiers sont d’un tout autre avis. A 34 ans, le troisième ligne grisonnant à l’éternelle barbe de trois jours fait l’unanimité dans le groupe irlandais.

Socle des années Joe Schmidt, le Munsterman a aussi imposé ses qualités sous le règne d’Andy Farrell. Depuis la dernière Coupe du monde au Japon, et en dehors d’une suspension de trois matches en 2021, le joueur n’a ainsi manqué que trois rendez-vous du XV du Trèfle, contre des nations de second plan (Etats-Unis, Fidji et Italie).

« On pourrait s’assoir et discuter toute la journée de ce qu’il apporte, de l’importance qu’il a, de quel genre d’homme il est. Pour résumer, je dirais qu’il est dévoué », salue le sélectionneur (et père du joueur le plus détesté du monde).

« On peut voir ses performances sur le terrain, c’est héroïque. En coulisses, il est l’un des meilleurs que je n’ai jamais vus pour faire en sorte que le groupe se sente bien. (…) C’est juste lui qui est lui-même, il est authentique. Quand vient le week-end, vous ne voulez pas un autre type à côté de vous dans le vestiaire. Il donne tout pour ses coéquipiers », apprécie le technicien.

-« Presque gênant »-

Interrogé en conférence de presse avant le choc au Stade de France samedi, Johnny Sexton abonde: « C’est vraiment l’âme de ce groupe. C’est un privilège de jouer avec lui, on joue autant pour lui que pour nous », avant d’ajouter que « c’est un joueur de grand match ».

C’est en effet sous la pression que le flanker se régale, quand les statistiques ne comptent plus. Son travail de sape et ses mots parfois outranciers peuvent faire dégonder ses adversaires au pire moment.

Travailleur de l’ombre, oreilles mâchées et regard noir, il est le yin sombre du yang brillant et offensif incarné par Sexton.

« +Pete+ est un grand leader dans notre groupe », estime le deuxième ligne Henderson. « Pas seulement en terme de rugby, mais aussi socialement, par rapport à ce que nous voulons défendre en tant que joueurs. Vous voyez comment +Faz+ (Farrell) en parle, je pense que tout est vrai. Il mérite chaque minute passée sous ce maillot. »

L’humble O’Mahony n’irait pas jusque-là.

« Quand on voit la liste des joueurs qui ont cent sélections, c’est presque gênant d’être parmi eux », s’excuse le Munsterman, en référence à ses glorieux aînés Brian O’Driscoll, Rory Best, Paul O’Connell, John Hayes ou encore son coéquipier Johnny Sexton.

« Ce sont des gens que je suivais quand j’étais jeune, qui étaient des inspirations », confie-t-il, visiblement gêné d’attirer autant la lumière pour sa centième « cap ».

« Je suis reconnaissant, mais je veux juste gagner ce week-end », insiste celui qui participe à sa troisième Coupe du monde et qui souffre comme tous les Irlandais de n’avoir jamais atteint le dernier carré.

« On est là pour gagner cette compétition », insiste le trentenaire. « J’espère qu’il y aura des plus grands moments dans ma carrière que samedi. »

© 2023 AFP

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