Du Mondial-2023 aux Jeux olympiques, du XV au VII: le changement de discipline réclame des adaptations mais Antoine Dupont est un joueur hors norme et le défi, qui démarre à Vancouver ce vendredi, est à sa mesure.
Après avoir remporté le Top 14 (2019, 2021, 2023) et la Champions Cup (2021) mais échoué en quart de finale de « sa » Coupe du monde le 15 octobre face à l’Afrique du Sud, Antoine Dupont (52 sélections) s’est fixé, à 27 ans, un nouvel objectif: les JO.
Au-delà du rêve, il y a le passage d’un rugby à XV, où il a été élu meilleur joueur du monde en 2021, au VII. Le principal intéressé a lui-même reconnu qu’il lui faudrait « un temps d’adaptation nécessaire ».
Car si le terrain de rugby à VII garde les mêmes dimensions qu’à XV, le nombre réduit de joueurs libère les espaces. Les rencontres sont aussi plus courtes: elles se disputent en deux mi-temps de sept minutes, contre deux mi-temps de 40 minutes.
Pour l’ailier de Toulon Gabin Villière, qui compte 43 sélections avec le VII de France, « faire un ou deux tournois avant, ça permet de s’adapter assez vite ».
Avant de songer à accrocher à son cou une médaille olympique, Dupont participera à deux étapes du circuit mondial – à Vancouver cette fin de semaine puis à Los Angeles début mars – avec les Bleus, actuels huitièmes du classement mondial, faisant une croix sur le Tournoi des six nations.
– Sprints intenses –
« On a déjà des ressources physiques assez évidentes au rugby à XV. Je pense qu'(Antoine Dupont) devra garder ce qu’il fait comme jouer ses duels, essayer de jouer après-contact ou encore trouver des espaces », a ajouté auprès de l’AFP Villière, qui compte aussi 16 sélections avec le XV de France.
A l’instar d’Antoine Dupont, son coéquipier au Stade toulousain Sofiane Guitoune avait rejoint en 2016 l’équipe de France à VII pour disputer les Jeux olympiques de Rio en tant que réserviste.
« Le plus difficile, c’est la répétition de sprints à haute intensité. Même dans les zones de ruck, tu as une partie vraiment technique qui est incroyable et que tu arrives à développer. Les passes, tu en bouffes, des longues, des sautées… », a expliqué l’ailier à l’AFP.
Entraîneur de l’équipe de France à VII féminine depuis 2010, David Courteix voit tout de même deux rugby « extrêmement ressemblants ». La principale différence se trouve, selon lui, dans le format des tournois, disputés sur un week-end.
En deux ou trois jours, les sélections de rugby à VII jouent six rencontres de quatorze minutes « très rapides et avec peu de pauses », a détaillé à l’AFP l’ancien troisième ligne de Clermont. Une intensité qu’il faut être capable de répéter sur un temps de jeu qui, « à la fin du week-end, est quasiment le même qu’à quinze et où l’activité est supérieure ».
– Faire sa place –
En ce qui concerne le passage du XV au VII, l’adaptation dépend souvent du poste auquel le joueur évolue et notamment du nombre de fois où il est sollicité dans un match, estime David Courteix. Dans le cas d’Antoine Dupont, « le fait de jouer demi de mêlée à XV, quand même, on est déjà sur-sollicités ».
« Quand on est un grand joueur de rugby, je ne crois pas que ce soit une immense difficulté de passer de l’un à l’autre », a-t-il ajouté.
L’autre défi pour Antoine Dupont sera de se faire une place dans un groupe France à VII qui évolue ensemble depuis plusieurs années sur le circuit mondial. « Au départ, c’était un peu bizarre avec les septistes », qui peuvent penser « qu’on vient leur prendre la place », se remémore Sofiane Guitoune.
Mais « la pseudo-rivalité a été vite rompue quand les mecs ont vu que j’étais là pour aider l’équipe et pas pour un petit plaisir personnel », a-t-il raconté.
Pour l’ailier toulousain, Antoine Dupont « va faire du bien à l’équipe de France » qui aura « une belle carte à jouer » aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans un tournoi disputé au Stade de France.
Une manière pour le capitaine des Bleus de tourner la page après avoir vu son rêve de Mondial brisé par l’Afrique du Sud dans la même enceinte l’automne dernier.
© 2024 AFP
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