Toulouse et Montpellier, capitales de « sports co »

Toulouse et Montpellier, capitales de "sports co"

Toulouse,Montpellier, 1 oct 2022 (AFP) – Hasard des calendriers, la Ligue 1 et le Top 14 proposent dimanche deux affrontements entre Toulouse et Montpellier. Deux villes de la même région comptant une densité unique en France, en dehors de Paris, de clubs au plus haut niveau dans les sports collectifs.

Les amateurs de sport toulousains et montpelliérains ont souvent l’embarras du choix le week-end.

Les deux métropoles occitanes sont à la fois représentées dans l’élite masculine du football, du rugby, du handball et du volley, ainsi qu’en première division féminine de basket.

Une concentration de clubs professionnels dont seuls se rapprochent Lyon (sans handball) et Nantes (sans rugby) en province.

Kamel Chibli, chargé des sports à la région Occitanie, y voit le fruit d’un « écosystème très favorable », avec des dirigeants sportifs « engagés » et « attachés à leur territoire », et des politiques locales volontaristes.

« Il y a longtemps eu un comportement un peu bizarre des politiques avec les clubs professionnels », note-t-il. « Qui dit pro, dit argent, donc il ne fallait surtout pas s’en mêler ».

Jusqu’à ce que les collectivités comprennent selon lui que le « rayonnement national et international » des clubs de haut niveau pouvait être « un véritable vecteur de promotion du patrimoine, de la culture, du tourisme et de la gastronomie ».

– « Nous avons mis les moyens » –

Autoproclamée « première ville sportive de France », Montpellier s’est construite sportivement sur un terrain presque vierge au début des années 1970 autour de plusieurs hommes forts, dont le duo Louis Nicollin-Georges Frêche.

Le premier, patron d’une entreprise de collecte des ordures, a réveillé le football montpelliérain en le portant de la division d’honneur en 1974 jusqu’au titre de champion de France de L1 en 2012.

Le second, maire de 1977 à 2004, a modernisé sa ville autour de la culture et du sport. « Il y a une trentaine d’années, il n’y avait qu’un club en première division, celui du volley », rappelle son ancien adjoint aux sports Christian Bénézis.

« On a mis en place une politique de développement du haut niveau et du sport dans les quartiers », ajoute-t-il. « Pour le haut niveau, nous avons mis les moyens. On est passé de 200.000 à 14 ou 15 millions d’euros de subventions ».

Pour l’ancien handballeur international Jérôme Fernandez, passé par les clubs de Montpellier et Toulouse, avoir une telle densité sportive est « une vraie richesse ».

« Ca permet aux jeunes qui grandissent dans ces villes ou aux alentours de pouvoir goûter à tout », avance-t-il. « Voir du haut niveau tous les week-ends les fait forcément progresser, par mimétisme ».

– Concurrence feutrée –

A Montpellier, les clubs pros se livrent une concurrence feutrée, dans une relative indifférence. Ils s’appuient sur des propriétaires forts dans un contexte économique fragile, mais peinent à ancrer leur socle populaire. A l’image du MHR du milliardaire Mohed Altrad, tout frais champion de France de rugby, qui n’a toujours pas joué un match à guichets fermés cette saison.

Manque d’histoire, population volatile ou offre sportive trop large pour une agglomération de taille relativement modeste (moins de 500.000 habitants)? Le public n’adhère pas forcément et fragilise quelque peu la pérennité et l’ambition de ces clubs.

Ainsi la cohabitation semble plus étroite à Toulouse, où « Téfécé » et Stade toulousain ont par exemple proposé la saison dernière un pack commun pour assister à deux rencontres au Stadium.

« C’est une chance pour les Toulousains d’avoir autant de matches de haut niveau. On peut même tous les voir. Il y a de la place pour tout le monde », assure l’entraîneur des footballeurs, Philippe Montanier.

Son équipe reçoit dimanche à l’occasion de la 9e journée de L1 le MHSC, avec lequel il n’existe pas (encore) de vraie rivalité.

Pour les supporters toulousains, les derbies se jouent plutôt contre Castres en rugby et Bordeaux en football, discipline dans laquelle les Montpelliérains préfèrent détester leur voisin nîmois.

Rapprochées administrativement par le redécoupage des régions en 2015, les deux villes, séparées d’environ 200 km, ont une histoire et une culture différentes. Mais une même passion pour le sport.

© 2022 AFP

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