Arthur Vincent

XV de France: Vincent ne voulait pas « revenir mais revenir plus fort »

Marcoussis (France), 3 août 2023 (AFP) – Après deux saisons quasi-blanches en raison d’une blessure récurrente au genou gauche, Arthur Vincent rêve de Coupe du monde: « le but, ce n’était pas de revenir mais de revenir plus fort », comme l’explique le centre des Bleus dans un entretien à l’AFP avant le match contre l’Ecosse, son premier depuis septembre.

Q: Après deux années compliquées, vous revoici à Marcoussis. Vous y avez vraiment cru?

R: « Ca a été long, au moment de l’opération, du verdict, de la décision du chirurgien… Neuf mois, pas de matches, ça compromettait pas mal de choses. C’était assez compliqué à accepter. Mais ça a clairement été mon objectif, ma carotte, notamment sur la convalescence qui a été longue. Je voulais tout donner et on verrait bien ce qu’il en était. »

Q: C’est cette Coupe du monde qui vous fait tenir?

R: « Je pense, oui. Pas uniquement mais sportivement, c’était la clé. Il y avait beaucoup d’étapes, à commencer par bien récupérer. Il y avait cinq semaines sans poser le pied par terre, des mois de béquilles… Avant de penser à quoi que ce soit, il fallait prendre les étapes les unes après. Il fallait rester +focus+ pour avancer. Ce n’était pas forcément gagné au départ! (sourire) »

Q: Pendant ces longs mois, vous avez coupé du rugby?

R: « Au départ, j’ai pas mal coupé. Pendant deux mois, je ne pouvais pas faire grand chose. Le mot d’ordre, c’était de bien récupérer. Après, évidemment que les copains, le vestiaire… te manquent. C’est un peu notre dope. Les week-ends, sur le canapé ou en tribunes, n’étaient jamais de bons moments. Mais j’avais eu cette première expérience qui était encore toute fraîche, ce vécu-là m’a servi, je savais où j’en étais, où j’allais, à quelles étapes j’allais être confronté. Je voulais que ces expériences me servent mais je pense que je n’ai pas encore fini de vivre ces frustrations. »

Q: Vous vous attendiez à être rappelé pour cette préparation?

R: « Ca dépendait des semaines! (rires) Il y a des moments, t’as l’impression que ça n’avance pas, que tu n’y arriveras jamais… Est-ce que je m’y attendais? Non. Est-ce que je l’espérais? Oui. Maintenant, je veux jouer ma carte à fond, me donner toutes mes chances. »

Q: Vous pensez à la rechute?

R: « On le sait, ça fait partie du sport de haut niveau. C’est des cases à cocher. Moi, c’est bon, j’espère qu’elles sont bien cochées (sourire). Il faut apprendre à faire avec ça. Si tu t’entraînes ou que tu joues avec la peur de la blessure, tu te mets dans les meilleures conditions pour te blesser. Il faut apprendre à le gérer. »

Q: Avez-vous effectué un travail psychologique?

R: « Ca a été primordial pour moi. Dès la première blessure, j’ai pu commencer ce travail-là avec un préparateur mental pour traiter la blessure: ce sont des traumatismes donc il y a des choses à faire à ce niveau-là. Dans mon cas, les croisés, c’est très long… J’ai découvert un peu ce que c’était les week-ends! (sourire) Le rugby, c’est ma passion et, de ne pas avoir quelque chose d’aussi fort à côté, c’était un peu la peur du vide. Il y a tout un travail qu’on a mis en place tout au long de ma convalescence pour revenir. Aujourd’hui, ça m’accompagne et c’est vachement important pour ma carrière. Il y a des techniques qui stimulent certaines zones du cerveau pour avoir le moins d’appréhension, de l’imagerie mentale, visualiser… Mentalement, ça m’a aidé, de peaufiner, d’être dans le détail pour me donner toutes les chances de revenir correctement. Le but, ce n’était pas de revenir mais de revenir plus fort. »

propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

© 2022 AFP

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