L’Australie, dirigée depuis peu par le tempétueux Eddie Jones, se présente au Mondial de rugby en France la confiance au plus bas, après deux années d’errance durant lesquelles ses résultats n’ont cessé de décevoir, si bien que Jones est le seul à croire qu’un troisième titre mondial est envisageable.
« Aucun d’entre vous ne pense que nous pouvons faire quelque chose de bien (durant le Mondial) et ce n’est pas grave », s’est désolé Jones, 63 ans, face aux journalistes australiens, lors d’une conférence de presse surréaliste avant le départ des Wallabies pour la France. « Le défi pour nous en tant que groupe est de vous montrer que nous pouvons le faire et de nous montrer que nous le pouvons le faire », a-t-il poursuivi, avant de tourner les talons, déclarant avec fracas qu’il venait de vivre la « pire conférence de presse » de sa vie.
Jones est sous pression. Revenu à la tête de l’Australie en janvier 2023, après le limogeage de Dave Rennie pour mauvais résultats, l’ancien sélectionneur de l’Angleterre -évincé du XV de la Rose également- ne parvient pas, depuis, à inverser la tendance.
Son approche du terrain, réputée pour son intransigeance, la construction de ses séances, que l’on dit millimétrée, n’impriment pas.
En quatre matches disputés sous ses ordres, les Wallabies se sont inclinés quatre fois. Pas loin d’être le moins bon bilan de l’histoire de l’équipe, pourtant double championne du monde (1991, 1999).
L’Australie arrive en France en tant que neuvième nation mondiale au classement de World Rugby, derrière les Fidji qu’elle affrontera dans le groupe C. Un terrible affront.
Pour redresser la barre, Eddie Jones s’agite tous azimuts. Il a pris sur ses épaules toute la pression médiatique et populaire pour mieux en décharger ses joueurs.
– Novices –
Le sélectionneur a pratiqué une forme de « méthode Coué » qui peine à convaincre, assurant à chaque conférence de presse, après chaque déconvenue, que les résultats ne reflètent pas le travail invisible fait en vue de la Coupe du monde.
« Nous avons fait des progrès et notre défi est de continuer à en faire, de devenir un peu meilleurs chaque jour dans tout ce que nous entreprenons sur et en dehors du terrain », déclarait-il par exemple à l’annonce de son groupe de mondialistes.
Son groupe justement, dans une forme de coup de poker, Jones l’a fortement renouvelé juste avant le Mondial en France: avec seulement huit joueurs ayant déjà disputé un Mondial, avec trois novices au niveau international – le demi de mêlée Issak Fines-Leleiwasa, l’arrière polyvalent Max Jorgensen, 18 ans, et le pilier Blake Schoupp, tous à 0 sélection -, en se passant surtout des derniers cadres de l’équipe.
Exit le flanker et capitaine Michael Hooper, certes blessé mais qui aurait pu revenir en cours de compétition et qui offrait de sérieuses garanties pour un jeune groupe. Exit aussi Quade Cooper, fantasque demi d’ouverture, capable du meilleur comme du pire, sacrifié au profit de Carter Gordon, 22 ans et 4 sélections.
Jones a encore préféré « déclasser » l’expérimenté pilier James Slipper (131 capes) de son poste de co-capitaine de l’équipe pour le confier uniquement à l’impressionnant deuxième ligne Will Skelton, qui évolue en club à La Rochelle.
La dernière ficelle utilisée par Jones pour éviter la catastrophe lors de la Coupe du monde est d’avoir appelé à la rescousse son ami Steve Hansen, sélectionneur des All Blacks champions du monde en 2015, comme consultant.
Une ultime provocation pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Mais Jones semble bien seul à encore y croire.
© 2023 AFP
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