Le « Tournoi d’enfer » du XV de France

Une victoire et un classement en trompe-l’oeil: le succès arraché face à l’Angleterre (33-31), synonyme de deuxième place dans le Tournoi des six nations 2024, n’occulte pas les nombreuses scories, notamment défensives, du XV de France.

Sur le papier, le bilan est plutôt positif: deuxième place derrière l’ogre irlandais, la quatrième en cinq ans; deuxième attaque; Thomas Ramos meilleur réalisateur (63 points)…

Mais ces chiffres cachent la réalité d’un Tournoi laborieux, lancé sur une déroute face au XV du Trèfle (38-17) et pas vraiment rattrapé par la victoire heureuse en Ecosse (20-16) et le nul piteux devant l’Italie (13-13).

Les deux victoires en fanfare, au pays de Galles (45-24) et contre le XV de la Rose donc, sauvent un peu le bilan français.

« On a vécu un Tournoi d’enfer, au sens propre et au sens figuré. Sans répit, tout le temps brûlant, tout le temps sur la brèche. On était parfois sur la cime, parfois sur la tranche… Il fallait être solide. Et les joueurs l’ont été », a assuré le sélectionneur Fabien Galthié.

Près de six mois après le quart de finale du Mondial-2023 perdu face à l’Afrique du Sud (29-28), les Bleus n’ont pas encore complètement digéré la déception engendrée par cette sortie de route prématurée dans « leur » Coupe du monde.

– « Orgueil » –

A Lyon, lieu de leur dernière victoire à domicile… le 6 octobre (60-7 contre l’Italie), les hommes de Fabien Galthié ont vécu un condensé de leur Tournoi 2024: ils ont tour à tour été enthousiasmants puis assommants, solides puis éventés, fébriles puis impressionnants de caractère.

« On a eu des hauts, des bas mais on est tous restés ensemble (…) On est passés par pas mal d’états durant ce Tournoi et ça va nous faire grandir en tant que joueurs mais aussi en tant qu’équipe. On a vécu des moments pas faciles, ça va nous servir », a d’ailleurs expliqué l’ailier Louis Bielle-Biarrey.

« Il y a eu une remise en question de tout le monde. On ne s’est pas reconnus sur le premier match. On se devait de réagir. On a été touchés dans notre orgueil, dans notre ego », a estimé de son côté le troisième ligne François Cros.

Malgré le trou d’air traditionnel, sanctionné par trois essais anglais et un 21-0 sec infligé en six minutes, les Bleus ont gardé le meilleur pour la fin, s’imposant au forceps sur une pénalité salvatrice de Ramos.

Cette « force de caractère » pour tenir et revenir, vantée par le capitaine Grégory Alldritt, a donc permis aux Bleus d’aller chercher la deuxième place d’un Tournoi mal engagé.

– Sans Dupont

La faute en partie à une défense poreuse, avec quatorze essais encaissés, le pire total depuis le début du mandat Galthié ex æquo avec 2023. Un sacré changement par rapport aux premiers années Galthié, où la défense était LE point fort des Bleus.

Contre l’Angleterre, le XV de France s’en est encore sorti grâce à ses fulgurances individuelles. Le « french flair » n’est pas complètement revenu mais les percées de Gaël Fickou, de Damian Penaud ou de Léo Barré ont permis aux Bleus de s’imposer.

Si certains (Maxime Lucu, Matthieu Jalibert, Yoram Moefana, Paul Willemse, Jonathan Danty…) ont sans doute perdu du crédit dans un Tournoi mièvre, d’autres ont gagné leur billet pour Marcoussis, à l’image du jeune N.9 Nolann Le Garrec ou de l’arrière Léo Barré.

Mieux, privés de joueurs tels qu’Antoine Dupont, Romain Ntamack ou Anthony Jelonch, les cadres ont retrouvé leur rang, à l’instar du buteur Thomas Ramos, du troisième ligne François Cros ou du talonneur Julien Marchand. La tant attendue deuxième ligne 100% toulousaine, formée par Emmanuel Meafou et Thibaud Flament, semble aussi avoir cimenté sa place. 

La discipline, elle, a connu du mieux avec « seulement » 37 pénalités concédées sur l’ensemble de la compétition, malgré le double carton jaune puis rouge de Paul Willemse contre l’Irlande, le jaune de Uini Atonio en Ecosse ou le rouge de Jonathan Danty devant l’Italie.

A confirmer cet été lors de la tournée en Argentine.


Commentaires

  1. Avec les d’Antoine Dupont, Romain Ntamack ou même Anthony Jelonch, avec les jeunes , on a de quoi voir l’avenir

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