Les Bleues ont soif de « revanche », dit Gabrielle Vernier

Le XV de France féminin entame le Tournoi des six nations samedi contre l’Irlande avec un esprit de « revanche » et veut rebondir après sa dernière compétition, achevée sur une note décevante, explique la centre des Bleues Gabrielle Vernier, dans un entretien accordé à l’AFP.

QUESTION: Dans quel état d’esprit abordez-vous le Tournoi après le »WXV », la nouvelle compétition internationale de rugby féminin lancée en 2023 par World Rugby, terminé avec une victoire et deux défaites l’automne dernier?

REPONSE: « On s’est remis en question sur le contenu, on savait que ce serait une compétition où sont entrées pas mal de nouvelles joueuses, donc on n’était pas au maximum de notre potentiel. Mais c’est sûr qu’on n’a pas été au niveau lors des deux matches après celui (remporté) face aux +Black Ferns+ (Néo-Zélandaises). Il nous a clairement manqué d’agressivité contre l’Australie, notre +gniaque+ défensive qui est notre marque de fabrique était inexistante. Et face au Canada, on a manqué de profils puissants, de clés en attaque… On espère ne pas refaire les mêmes erreurs pour le Tournoi et arriver avec plus de solutions et de créativité, notamment offensive. D’autant qu’on a une envie de revanche sur le jeu qu’on a produit lors du +WXV+ ».

Q: La France n’a plus gagné le Tournoi depuis 2018: est-ce la bonne année?

R: « Une année où on a trois matches à domicile, c’est clairement un plus, un supplément d’âme qui nous porte à chaque fois. Et puis, nos joueuses au profil puissant (Madoussou Fall, Romane Ménager) sont toutes présentes. Après, on sait que ce sera un parcours hyper-difficile mais chaque année, on se bat pour le titre même si le chemin est long ».

Q: Que manque-t-il à la France pour réaliser à nouveau le Grand Chelem?

R: « Chaque Tournoi est différent, avec ses péripéties. Et pour en avoir vécu certaines (le Covid, les blessures etc…), je sais que, même si on aborde à chaque fois le Tournoi de la même manière, tout peut arriver. Parfois, c’est avec des groupes affaiblis qu’on se révèle, qu’on sort quelque chose de grand. Le nôtre a gagné en expérience, on a progressé d’années en années sur le jeu produit mais les autres équipes aussi malheureusement. Dans tous les cas, on va essayer de +performer+ à tous les matches et monter en puissance pour espérer jouer une finale à domicile, dans un stade que l’on espère complet ».

Q: En pensant au record d’affluence pour un match féminin battu l’an dernier à Twickenham (58.498 personnes)…

R: « La jauge de Chaban-Delmas, c’est 32.000 personnes je crois (NDLR: 29.000 actuellement pour cause de travaux), donc ce serait un record en France. A chaque fois qu’on a l’occasion de jouer chez nous, ça nous fait frissonner de voir autant de monde qui nous soutient, attiré par notre jeu: c’est une ambiance de folie et ça nous porte sur le terrain. Donc un stade complet lors de notre dernier match constituerait une belle victoire pour le rugby féminin ».

Q: L’an dernier, vous avez été élue meilleure joueuse du Tournoi et nommée parmi les meilleures mondiales. Comment l’avez-vous vécu?

R: « C’était dingue et j’étais super étonnée d’avoir autant la lumière sur moi durant une année. Jamais je n’aurais imaginé être mise en avant ainsi. J’ai pris ça avec beaucoup de légèreté quand même, à mon habitude et selon mon caractère. Après, j’ai encore mille choses à apprendre et une énorme marge de progression sur les plans technique et physique. Ce n’est pas à 26 ans que j’arrêterai de progresser! J’ai un peu plus d’expérience, certes, et ça m’aide beaucoup sur des situations à gérer en matches mais ce sport est tellement complexe que je n’aurai pas du tout la présomption de dire que je suis à mon maximum. C’est bien d’être bonne une année mais si je me +troue+ et fais un Six Nations pourri, ma déception en sera d’autant plus grande! ».

Propos recueillis par Laure BRUMONT.

© 2024 AFP

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