Le demi d’ouverture Gareth Anscombe, 32 ans, auteur de 23 points, dimanche à Lyon, a été le grand artisan de la victoire du pays de Galles sur l’Australie (40-6) lors du Mondial-2023, tout autant que le symbole du renouveau d’une équipe qui s’appuie sur ses « meilleurs vieux ».
On a pourtant craint le pire, lorsque à la 13e minute, Dan Biggar, star et maître à jouer de l’équipe, touché à la poitrine, a dû céder sa place à Anscombe, aligné une semaine plus tôt avec la réserve galloise et peu à son aise face au Portugal.
La crainte s’est encore accentuée lorsque l’ouvreur remplaçant s’est loupé lors de sa première tentative de tir au but, dans les cordes pourtant de n’importe quel buteur sur la scène internationale.
« C’est pourtant là qu’on a vu son expérience et son mental, a apprécié Yann Delaigue, ancien demi d’ouverture de l’équipe de France. Trois minutes après son échec, c’est lui qui a demandé à retenter une pénalité similaire et il l’a mise. Il a assumé ses responsabilités. Cela montre la confiance qu’il a en lui. »
– « rouillé contre le Portugal » –
Le récital d’Anscombe a alors pu commencer. L’ouvreur des Suntory Sungoliaths au Japon a ajouté cinq autres pénalités, une transformation sur l’essai de Nick Tompkins et un drop pour parachever le tout.
« Il était un peu rouillé contre le Portugal, a convenu son sélectionneur Warren Gatland après la rencontre. Mais nous l’avons choisi pour son expérience et il a bien maîtrisé le match. (…) C’est super de le voir aussi bien buter. Mais je pense qu’il a pris de très bonnes décisions également ».
Delaigue abonde: « il a parfaitement animé le jeu de son équipe également. Il est plus qu’un buteur, c’est un leader de jeu, un joueur expérimenté. Face à l’Australie, il respirait la confiance. »
Pour preuve, cette action dans les 22 mètres australiens à la 48e minute, où d’un petit coup de pied par dessus la défense, il a offert le deuxième essai gallois à son centre Tompkins.
Avec sa performance, Anscombe, né en Nouvelle-Zélande, avec qui il a remporté le Mondial junior en 2011, symbolise le renouveau gallois durant le Mondial.
La moyenne d’âge du groupe est loin d’être la plus vieille des équipes présentes en France, mais Warren Gatland a opéré un savant mélange de joueurs expérimentés et de jeunes prometteurs.
Au poste d’ouvreur par exemple, il dispose de son titulaire, Biggar, 33 ans, d’un remplaçant de luxe Anscombe, 32 ans et de Sam Costelow, 22 ans, ouvreur des Scarlets qui incarne l’avenir du XV du Poireau.
– Gatland, maître de la préparation –
« C’est une équipe mature, acquiesce encore Delaigue. Mais là où Gatland est très fort, c’est qu’on la pensait sur le déclin. Or il l’a parfaitement préparée, comme à chaque Mondial, d’ailleurs ».
Avec ses stages traditionnels pré-mondiaux en Suisse et en Turquie, le sélectionneur néo-zélandais a remis sur pieds ses joueurs trentenaires. Taulupe Faletau, George North, Will Rowlands et les autres sont arrivés en France avec leurs jambes de vingt ans.
« Ils sont très compétitifs, pense Delaigue, mais je mettrais tout de même un bémol: leur poule est la plus facile. L’Australie a été catastrophique et les Fidji, qui sont une belle équipe, ce n’est pas les All Blacks ou l’Irlande. »
Il n’empêche. Avec Anscombe et ses « meilleurs vieux », le pays de Galles est la première équipe qualifiée pour les quarts de finale de la compétition.
A Marseille, il affrontera probablement l’Angleterre ou l’Argentine qui semblent tout à fait à sa portée pour accéder aux demi-finales. Impensable il y a encore quelques mois, lorsque les Gallois avaient terminé à une piteuse avant-dernière place lors du Tournoi des six nations.
Qu’il semble loin, le temps où, en février dernier, Ken Owens, alors capitaine de l’équipe – forfait pour le Mondial – déplorait que le pays de Galles soit la « risée du rugby mondial ».
Les vieux Gallois ne font plus rire personne.
© 2023 AFP
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