Mondial-2023: la Nouvelle-Zélande cherche son N.10

La Nouvelle-Zélande, qui lancera le Mondial-2023 face à la France vendredi, se présente avec trois demis d’ouverture polyvalents dont aucun n’est véritablement installé à ce poste clé de meneur de jeu, ce qui a rarement réussi aux All Blacks lors des précédentes Coupes du monde.

« Si traditionnellement en France, on a construit nos systèmes autour du demi de mêlée, les Anglo-Saxons et les All Blacks en particulier le font autour de leur numéro dix », analyse pour l’AFP Pierre Berbizier, ancien sélectionneur du XV de France. « Un joueur que l’on installe dans la durée, à qui l’on fait confiance, à qui l’on donne les clés du jeu. Force est de constater que ce n’est pas le cas en ce moment pour la Nouvelle-Zélande », poursuit-il.

Ils sont trois, dans le groupe des Blacks, à se disputer une place de titulaire à l’ouverture: Richie Mo’unga, qui tient la corde pour débuter la Coupe du monde face à la France, Damian McKenzie, sa doublure, et Beauden Barrett, nommé deux fois meilleur joueur du monde en 2016 et 2017, repositionné à l’arrière, notamment pour sa relative imprécision dans l’exercice des tirs au but.

– De Fox à Carter –

« Ce sont tous les trois de super athlètes, avec des qualités extraordinaires », explique à l’AFP Simon Mannix, ancien All Black, reconverti entraîneur au Racing 92, au Munster et à Pau notamment. « Mais si l’on regarde l’histoire des différentes Coupes du monde, les Blacks ont totalement maîtrisé leur sujet lorsqu’ils disposaient d’un demi d’ouverture sans concurrence, buteur et seul dépositaire du jeu de l’équipe », rappelle-t-il.

C’était le cas lors de la première édition du Mondial, en 1987, durant laquelle Grant Fox (46 sélections, 645 points inscrits) et les siens avaient battu la France de Pierre Berbizier (29-9), alors demi de mêlée, pour remporter le premier de leur trois sacres.

C’était le cas encore en 1995 avec Andrew Merthens (70 sél., 967 points) lorsque la Nouvelle-Zélande de Jonah Lomu avait ébloui le monde entier, se cassant néanmoins les dents sur l’Afrique du Sud (15-12), portée par tout un peuple en finale d’une Coupe du monde si particulière.

C’était enfin évidemment toujours le cas lors de la décennie précédente avec Dan Carter (112 sél., 1598 points) en dépositaire du jeu néo-zélandais, régnant sans partage sur le rugby mondial. Blessé en 2011 à l’issue de la phase de groupes, il n’avait pu participer pleinement au sacre de son équipe mais était revenu en force pour le doublé en 2015.

– Mo’unga le plus régulier –

« En 2007, Dan jouait déjà mais le N.10 le plus performant, c’était Nick Evans, son remplaçant. Peut-être que si Evans avait été titulaire, la Nouvelle-Zélande n’aurait pas été éliminée en quarts », fait remarquer Mannix.

Sans véritable ouvreur attitré, point de salut pour les Blacks, qui, s’ils demeurent des favoris de la compétition, n’ont jamais paru aussi humains que cette saison.

« Ils peuvent tout de même remporter la Coupe du monde », tempère Mannix. « Mais au delà du N.10, il faut surtout que la Nouvelle-Zélande trouve la façon dont elle veut jouer. Et ça, ce n’est pas très clair. »

« Mo’unga est le plus régulier », continue l’ancien demi d’ouverture. « Il est capable d’attaquer la ligne adverse et de jouer dans le dos de la défense. Mais McKenzie est plus instinctif, apporte plus d’incertitude comme il l’a montré lors de la victoire en Argentine (41-12) lors du dernier Rugby Championship ».

Il ne reste plus que deux jours à Ian Foster, le sélectionneur All Black, pour arrêter son choix et faire de Mo’unga ou McKenzie, voire de Beauden Barrett, le meneur de jeu néo-zélandais, préalable indispensable pour glaner un quatrième sacre mondial.

© 2023 AFP

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