Mondial-2023: nouvelle enquête contre Atcher, les finances à la loupe

Paris, 19 jan 2023 (AFP) – Après une enquête ouverte notamment pour trafic d’influence et corruption, l’ancien patron de la Coupe du monde de rugby 2023, Claude Atcher, est désormais visé par une autre procédure, pour « harcèlement moral », une succession d’affaires qui pèsent sur l’organisation de l’événement-phare de l’année 2023 en France.

Cette enquête pour « harcèlement moral » a été révélée par le journal l’Equipe jeudi, qui avait déjà détaillé en juin par le menu le « management par la terreur » du directeur général de France-2023 et décrivait nombre de salariés en souffrance au sein du groupement d’intérêt public (GIP) chargé de mettre en oeuvre l’évènement (8 sept-28 oct).

Saisie par l’exécutif, l’inspection du Travail a rendu son rapport et l’enquête préliminaire pour « harcèlement moral » a été ouverte le 29 novembre 2022 après un signalement de la Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets) et confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), a précisé le parquet jeudi.

Claude Atcher, figure du monde du rugby français, avait été d’abord mis à pied à titre conservatoire à la fin de l’été 2022, suite un rapport du comité d’éthique du GIP, puis débarqué en octobre.

En réaction à ces accusations, ses avocats avaient fait savoir fin novembre à l’AFP que Claude Atcher s’estimait victime « d’un acharnement judiciaire et médiatique » et qu’il saisissait les prud’hommes au sujet de la rupture de son contrat.

– Les enquêtes s’amoncellent –

Contactés jeudi, ses avocats n’ont pas répondu dans l’immédiat.

Les enquêtes, d’abord administratives et maintenant judiciaires, s’amoncellent.

Il est en effet aussi visé par une enquête du Parquet national financier pour favoritisme, trafic d’influence, corruption à la suite d’un signalement conjoint de l’inspection générale des finances et de l’inspection générale de l’éducation. Dans le viseur: « les marchés passés », « la billetterie » et « les véhicules mis à disposition » de Claude Atcher.

Plusieurs sources avaient aussi affirmé ces derniers mois à l’AFP qu’il y avait un « souci » sur le programme Campus 2023, mettant en place des apprentis dédiés à la Coupe du monde, programme phare mis en avant par les organisateurs.

D’après le rapport de l’inspection des finances cité par l’enquête de L’Equipe de jeudi, d’abord le programme sera « déficitaire » et ensuite la mission « ne peut exclure » que « le montage financier initial de l’opération ait pu conduire à des malversations ».

Mais la Coupe du monde est-elle menacée ?

Le GIP, dans lequel la Fédération française de rugby (FFR) est majoritaire à plus de 60% et l’État minoritaire, a affirmé jeudi dans un communiqué transmis à l’AFP qu’il entend « sécuriser l’organisation du tournoi ».

– Audit financier –

Pour tirer au clair les comptes, il a aussi annoncé qu’il lançait « une mission d’audit financier et comptable complet d’ici au printemps pour s’assurer de la conformité de toutes les opérations comptables et financières des entités du comité d’organisation depuis leur création à leurs obligations et engagements ».

Il explique aussi s’être « nourri » du rapport de l’inspection des finances pour « une revue budgétaire » 2018-2023 et présentera le 2 février « un budget actualisé » qui intégrera pour la première fois « l’ensemble des périmètres du comité d’organisation (GIP, CFA Campus 2023, GIE et Fonds de Dotation) ».

Le GIP a assuré auprès de l’AFP que l’événement allait « dégager un résultat positif au niveau de celui des meilleures Coupes du monde, qui sera redistribué au rugby français ».

En réalité, difficile de savoir où en sont les comptes. En cas de catastrophe financière, l’Etat s’est porté garant à hauteur de « 162,45 millions d’euros » selon la loi de Finances 2019.

Du point de vue de l’organisation proprement dite, plusieurs sources ont fait état de « retard » auprès de l’AFP aussi dû à la tension des métiers dans l’événementiel sportif et ce alors que le GIP était en plein malaise social….

« Atcher a très bien fait la commercialisation, le sponsoring, la billetterie mais il n’a rien fait au niveau opérationnel », a expliqué à l’AFP une de ces sources.

De son côté, l’entourage du ministère des Sports a expliqué à l’AFP qu’il « suit de près la situation et a confiance dans le professionnalisme de la nouvelle équipe ».

« Nous restons vigilants, en lien avec le FFR et World Rugby, et très attentifs au respect des échéances opérationnelles jusqu’à la livraison de l’évènement », a-t-on ajouté de même source.

© 2022 AFP

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