Rugby Championship: All Blacks, une victoire en trompe-l’oeil?

Toulouse, 25 sept 2022 (AFP) – Les All Blacks ont décroché le Rugby Championship ce week-end à la faveur de leur large succès sur l’Australie (40-14), mais à un moins d’un an de la Coupe du monde 2023, le futur adversaire des Bleus est loin d’avoir dissipé tous les doutes l’entourant.

L’avenir de Ian Foster aux commandes de la Nouvelle-Zélande ne tenait plus qu’à un fil le 13 août dernier à Johannesbourg lorsque son équipe, menée 23-21 par l’Afrique du Sud à la 74e minute, en infériorité numérique, était sur le point de concéder une quatrième défaite consécutive.

Deux essais inespérés de David Havili et Scott Barrett ont alors fait basculer la rencontre (35-23) et sauvé la tête de celui que les médias néo-zélandais présentaient comme « l’un des pires sélectionneurs de l’histoire des All Blacks ».

Six semaines plus tard, et malgré la première défaite à domicile de son histoire contre l’Argentine (25-18), la Nouvelle-Zélande a remporté le Rugby Championship pour la huitième fois en dix ans.

« Le chemin de la victoire a été très différent des autres années », a reconnu Foster dans un euphémisme. « Nous aurions préféré ne pas devoir revenir de si loin, mais c’est très gratifiant ».

– Creux générationnel –

Ce sacre dans la compétition regroupant les quatre meilleures nations de l’hémisphère Sud assure au sélectionneur néo-zélandais, sauf cataclysme, d’être encore en poste lors du match d’ouverture du Mondial-2023 face au XV de France, le 8 septembre au Stade de France.

C’est peut-être une bonne nouvelle pour les Bleus tant Foster présente depuis 2020, en 30 matches, un bilan (66,67% de victoires) très en-deçà de ceux de ses prédécesseurs (86,92% pour Steven Hansen et 85,44% pour Graham Henry).

Pour la première fois depuis la création du classement mondial, la Nouvelle-Zélande — aujourd’hui quatrième derrière l’Irlande, la France et l’Afrique du Sud — en a été éjectée du podium.

Confrontés à un creux générationnel, les All Blacks n’inspirent plus la même crainte à leurs adversaires et n’affichent plus la même aisance technique que dans un passé encore récent.

Ils n’auraient sans doute pas gagné le Rugby Championship si l’arbitre français Mathieu Raynal n’avait pas sanctionné Bernard Foley, l’ouvreur australien pour gain de temps dans les dernières secondes de leur première confrontation contre les Wallabies, dont ils avaient inexplicablement perdu le fil.

– « Encore sous la pédale » –

Bien aidée par l’indiscipline (cinq cartons jaunes en deux matches) d’une faible équipe d’Australie, la Nouvelle-Zélande, malgré une maladresse et des trous d’air inhabituels chez elle, a tout de même envoyé samedi à l’Eden Park d’Auckland quelques signaux encourageants.

Foster a peut-être trouvé avec les piliers Tyrel Lomax et Ethan de Groot deux titulaires en puissance en première ligne, l’un de ses principaux chantiers.

Les inusables Sam Whitelock et Brodie Retallick ont montré qu’ils pouvaient encore former l’un des meilleurs attelages au monde en deuxième ligne et le repositionnement de Jordie Barrett en premier centre, plutôt qu’à l’arrière, s’est avéré très concluant.

« Il nous en reste encore sous la pédale », a assuré Foster, dont le staff compte deux nouvelles têtes, Jason Ryan, entraîneur des avants, et surtout l’ancien sélectionneur de l’Irlande Joe Schmidt, en charge de l’attaque.

Les deux hommes ont encore un peu de temps d’ici la Coupe du monde pour imprimer vraiment leur marque sur le jeu des Blacks. Sera-ce suffisant face à l’ampleur de la tâche?

Les tests à venir en octobre et novembre face au Japon, au pays de Galles, à l’Écosse et à l’Angleterre devraient apporter rapidement quelques éléments de réponse.

© 2022 AFP

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