La lourde défaite de la Nouvelle-Zélande face à l’Afrique du Sud, vendredi à Londres, a instillé le doute chez les All Blacks qui, en quête d’un quatrième sacre mondial, aborderont leur match d’ouverture de la Coupe du monde face aux Bleus dans un costume de favori peut-être un peu trop grand pour eux.
Une humiliation: 35-7, soit la pire défaite de leur histoire. Alors qu’ils avaient retrouvé des couleurs en 2023 et demeuraient sur une série de onze matches sans défaite, toutes les certitudes des All Blacks se sont fracassées sur les avants sud-africains à Twickenham, à peine quinze jours avant le début du Mondial-2023 en France.
Et cette sortie de route a fait immédiatement ressurgir les démons de la saison 2021-2022, qui s’était avérée très loin des standards d’une équipe pour qui la défaite est interdite.
En novembre 2021, au Stade de France, les Blacks avaient été débordés par la France (40-25), le plus lourd revers de l’histoire des confrontations entre les deux nations. Quelques mois plus tard, en juillet 2022, ils avaient perdu, sur leur sol, la tournée d’été face à l’Irlande avec deux défaites en trois rencontres, une première dont ils se seraient bien passés.
Puis, en chutant d’entrée, toujours face aux Springboks, lors du Rugby Championship, cette compétition qu’ils disputent aux trois autres grandes nations du Sud (Afrique du Sud, Australie, Argentine), ils avaient rétrogradé à la cinquième place du classement mondial établi par World rugby, la moins bonne place de leur histoire.
Enfin, en août 2022, ils avaient bu le calice jusqu’à la lie en s’inclinant chez eux face à l’Argentine (25-18).
– Foster a tenu bon –
Autant de contre-performances qui ont bien failli coûter sa place au sélectionneur Ian Foster, l’ex-adjoint de Steve Hansen, champion du monde en 2015, à qui il avait succédé après le Mondial-2019.
Les exigeants journalistes et supporters néo-zélandais ont usé de toutes leurs forces pour tenter de remplacer le falot Foster par le flamboyant Scott Robertson, l’entraîneur de Canterbury, une machine à gagner, qui célèbre chaque titre de son équipe par des pas de breakdance.
Mais le sélectionneur a tenu bon. Robertson ne le remplacera qu’à l’issue du Mondial en France. Et Foster a repris les choses en main. Il s’est ainsi récemment adjoint les services de son compatriote Joe Schmidt, l’ancien sélectionneur de l’Irlande et éminence grise de Vern Cotter à Clermont lorsque l’ASM faisait l’admiration de toute l’Europe du rugby.
Plus significatif encore, Foster bénéficie, au meilleur des moments, du retour en forme de ses cadres. Si la Nouvelle-Zélande demeure cette nation capable de sortir de nouveaux talents sans discontinuer, elle aborde le Mondial français avec une horde de vieux grognards, bien décidés à marquer plus encore l’histoire de leur sport.
– Barrett brothers –
C’est le cas du deuxième ligne Sam Whitelock (145 sélections), qui devrait dépasser le record de « capes » de Richie McCaw (149), durant la Coupe du monde, et qui tentera surtout de devenir le premier joueur à obtenir trois titres mondiaux après ceux de 2011 et 2015, avant de rejoindre Pau pour y finir sa carrière.
C’est le cas encore du demi de mêlée Aaron Smith, de son compère de la charnière Richie Mo’unga, ainsi que des trois frères Barrett: Beauden, Jordie et Scott (exclu contre l’Afrique du Sud et sous la menace d’une suspension automatique, ce dernier a été repêché par une commission judiciaire indépendante et pourra jouer contre la France).
En quelques mois à peine, les partenaires du capitaine Sam Cane avaient fait taire toutes les critiques, étaient redevenus ce rouleau-compresseur capable de broyer leurs adversaires, dominant physiquement les avants opposés pour mieux libérer des espaces à ses feux-follets derrière.
Simple comme le rugby qu’ils n’ont pas inventé, mais qu’ils ne cessent de révolutionner, et dont ils étaient déterminés à redevenir la meilleure nation du monde.
C’était avant le crash de Twickenham. La conquête d’un quatrième titre mondial, qui débutera lors du match d’ouverture face à la France, n’a jamais semblé aussi ardue pour les hommes en noir.
© 2023 AFP
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